Localisation
Place Numa-Droz 3, Neuchâtel
Date
2021
Statut
Concours
Collaborateurs
Fabrice Agustoni, Elea Dubochet, Apolline Dubois, Malou Siegfried
Description du projet
Le collège latin s’inscrit dans la démarche qui était celle des bâtisseurs de bibliothèques publiques au XIXème siècle en Occident: reflet ou expression d’un pouvoir et idéal de l’accessibilité à la connaissance couplée à l’enseignement obligatoire et gratuit. S’ajoute à cela, dans le cas du Collège latin, un budget considérable ayant permis aux autorités de s’équiper d’un bâtiment prestigieux de la même lignée que nombre d’autres dans la ville.
Notre projet vise de ne pas secouer brutalement la substance actuelle mais plutôt de s’approcher de celle de départ en tirant parti des grands principes qui ont forgé sa forme et en intervenant significativement en quelques endroits. Cela permettra de changer l’image que les gens se font de lui sans tout « chambouler ».
Le projet veut rendre le bâtiment accessible et ouvert. De multiples possibilités d’entrée sont proposées, greffées sur les actuelles. Ses visiteurs arrivent de tous les côtés aujourd’hui mais aussi demain. Une fois à l’intérieur, le visiteur sera naturellement guidé au cœur du bâtiment, dans le corps central remanié, baigné de lumière et munis de multiples percées sur l’extérieur. Il contient la spatialité la plus riche et ambitieuse, à l’image qu’ont voulu lui donner ses bâtisseurs.
La bibliothèque peu propice à l’échange à cause de son allure imposante, sévère et solennelle est révolue dans le nouveau Collège latin. De multiples lieux de rencontres pour les visiteurs et les collaborateurs y sont construits. La dimension patrimoniale est omniprésente grâce au fait que la nouvelle bibliothèque de Neuchâtel trouve sa place dans un bâtiment existant, connu de tous, et offrant un certain prestige se prêtant bien à ses nouvelles fonctions. La plaisir de se retrouver autour du livre prend son sens, entre générations, entre cultures, entre classes sociales…
Institution pérenne, la bibliothèque n’en subit pas moins des pressions et est en permanente évolution. C’est une évidence de mentionner le contexte actuel de numérisation qui pose une multitude de nouveaux défis à l’entreposage des écrits physiques et leur mise à disposition de la population.
Le projet qui nous occupe s’inscrit pleinement dans ce contexte : augmenter la capacité de stockage de livres pour éviter un dysfonctionnement mais ne pas les mettre au centre de la spatialité et éviter toute forme de monumentalisation de ces derniers. Au final, il s’agit plutôt d’utiliser le livre comme condensateur social accueillant, et ne pas l’étaler au risque de rendre le bâtiment ennuyeux notamment chez les plus jeunes. Les sujets de la mise à l’abri de la connaissance et de la constitution d’un lieu de culture restent toutefois inchangés, indépendamment de la place du livre dans le bâtiment au sens propre.
Contexte
Concevoir une bibliothèque en 2021 en transformant un ouvrage scolaire datant de la première moitié du XIXème siècle dont une bonne partie est dans son état primal est un sacré challenge :
– Comment réussir à tirer parti de sa monumentalité et de son élégance sans risquer d’opprimer le visiteur ou de rendre mal à l’aise certains de ses utilisateurs potentiels qui rechigneraient à y venir à cause de cette emphase?
– Comment briser une forme d’autorité pour proposer un bâtiment accessible de tous naturellement ?
– Comment tirer parti d’une image très réglée et rigoureuse et d’une volonté originale de monumentalité pour transposer cela dans l’ambiance de locaux qui se doivent d’être désormais ouverts et favorisant les échanges sociaux, sans toutefois briser le besoin de calme et de silence requis pour mettre l’étude au centre des possibilités qui s’offrent au visiteur.
– Comment tirer parti de la rigueur de sa distribution, tout en réussissant à la rendre plus riche et à ne plus la limiter à la fonction de distributive pure?
Un bâtiment institutionnel, pour qu’il puisse prendre son rôle, doit proposer une hiérarchie, de sa position dans la ville à sa forme dans le territoire, et de son entrée au caractère de sa distribution.
Accès
Encerclé » par la ville sur ses 4 cotés, le collège latin a besoin d’offrir des possibilités d’entrées dignes de ce nom aux 4 points cardinaux.
L’escalier monumental et l’accès nord sont conservés. Ils déboucheront sur un espace extérieur abrité et mis à niveau avec les intérieurs, portique d’entrée ouvert et « seuil » entre extérieur et intérieur. La nouvelle configuration du corps central sera traversante et permettra à celui qui gravit l’escalier monumental de voir le lac dès son arrivée dans le portique.
Sur les façades pignons sont construites 2 rampes conformes aux prescriptions PMR. Combinées aux perrons existants, elles permettent à ces derniers de subsister et de leur donner plus de force.
Au sud, le prolongement extérieur de la cafétéria dont la forme répond à celle du hall d’entrée offre une connexion avec l’extérieur privilégiée et spéciale . Le fait de placer son niveau à la même altitude que le sous-sol permettra de le protèger de flux contraires à la quiétude à laquelle cet hémicycle prétend, et offrant ainsi aussi une possibilité à la tenue de petits évènements.