Neuchâtel
Rue Haute 21, Colombier
2022
Concours
Fabrice Agustoni, Elea Dubochet, Apolline Dubois, Malou Siegfried
Contexte
Idéalement situé au cœur de la commune fusionnée de Milvignes, le bâtiment de la Raiffeisen se trouve dans la continuité des commerces qui bordent la Rue Haute, artère commerçante du vieux village de Colombier. L’objectif du projet est notamment de contribuer au tissu commercial existant et à la redynamisation de ce dernier. Le maintien d’un réseau de services dense garantit une meilleure qualité de vie aux habitants et aux PME. A l’échelle d’un territoire plus large, cela évite les « déserts » et maintient à long terme l’attractivité des régions périphériques.
Des locaux si bien placés ne perdront jamais de leur attrait. Il est important de les entretenir et de les mettre à jour en les adaptant subtilement pour les transmettre aux générations futures. Sur les plans urbanistique et social, il faut profiter de ces opérations pour consolider voir actualiser leur présence.
Tel est le contexte du projet de transformation de la banque Raiffeisen de Colombier qui présente un potentiel bien supérieur à ce qui en est fait aujourd’hui. Cela s’inscrit dans une tendance globale cohérente qui caractérise bien des situations de notre pays et de notre communauté et qui vont dans le sens de plusieurs résultats de votations.
Le projet se caractérise par la volonté de s’insérer dans l’existant en réduisant au maximum les démontages et les modifications significatives. Cela se fait en portant une attention toute particulière à la substance historique. Le fil rouge est de revenir en douceur et dans la mesure du possible à des situations historiques antérieures cohérentes et en tirer parti.
Les espaces principaux prennent place dans les secteurs ayant toujours accueillis les zones servies, à savoir les belles pièces articulées autour de l’escalier. Les espaces secondaires, plus équipés en techniques, se trouvent à l’arrière.
Structure
Hormis l’ascenseur, le projet évite toute intervention significative sur la structure. La trémie s’insère dans l’existant en adaptant les planchers.
Construit en plots de ciment pour réduire sa taille et simplifier le chantier, la cage inclura des ceintures en béton armé aux raccords avec les planchers notamment pour reprendre leur charge. Sa position tient compte du contexte :
L’ascenseur est toujours un élément complexe à insérer dans un bâtiment historique. Sa pertinence est toutefois totale notamment pour permettre aux personnes à mobilité réduite de le pratiquer. Il s’agit de trouver la position la plus favorable constituant un compromis entre patrimoine, structure et aspects sociaux.
Sur le plan structurel, nous pouvons encore relever l’ouverture dans le dernier plancher accueillant la dernière volée d’escalier conçue à l’échelle de la salle des combles. Quelques chevrons sont modifiés pour l’insertion de la lucarne nord. Positionnées entre les éléments principaux que sont les fermes et les tirants, ces interventions ont lieu dans le haut du bâtiment. Elles consistent en des modifications de parties en bois réalisées par le charpentier et le serrurier.
Sous-sol
Notre but a été de laisser cet étage le plus intact possible. Nous nous limitons à y placer de la technique, stratégie permettant aussi de contenir les coûts. Les parties enterrées sont toujours complexes à remanier, encore plus dans de tels contextes urbanisés. Leur configuration permet d’accueillir de la technique aisément : Ils sont notamment faciles à isoler du reste des locaux en termes de mesures protégeant contre les incendies.
Toit
Sa morphologie architecturale tient compte des fonctions qui ont lieu directement dessous et du contexte historique : aucune modification n’y est pratiquée au sud afin de maintenir le visage du bâtiment complètement à l’identique. La lucarne qui s’ouvre au nord tout en accueillant le volume de la trémie de l’ascenseur offre une lumière douce à l’escalier et à la salle de conférence. Des stores obscurcissants commandés permettront d’y organiser des conférences dans des conditions optimales.
Ecologie et techniques
Un chauffage à pellets ou à plaquettes de bois déchiquetées des forets de Milvignes est proposé. L’entier de cet équipement technique est prévu au sous-sol, stockage compris. Une ouverture en pied de façade nord permettra un approvisionnement aisé sans déranger les zones publiques de la banque ou les flux de la Rue Haute. A terme, le chauffage à distance pourrait facilement être intégré en remplacement de ce chauffage à bois. Grâce à la nouvelle isolation du toit et au remplacement et/ou à l’amélioration des fenêtres, les besoins en chaleur seront fortement réduits.
Les zones équipées en CVSE dans les étages sont placées au-dessus de la partie excavée du bâtiment qui accueillera les introductions et la technique. Cela engendre ainsi une superposition verticale optimale des gaines les limitant au minimum. Elles sont toujours causes d’imprévus dans de tels bâtiments, ce dernier étant essentiellement constitué de planchers composés de poutres et non de dalles.
Le toit est complètement mis aux normes énergétiques. Il est découvert soigneusement dans l’optique de réutiliser ses petites tuiles patinées par le temps et se fondant dans l’ancienne localité. Grâce à sa nouvelle double isolation – laine de verre entre chevrons et fibre de bois sur chevrons – il offrira une protection accrue contre les surchauffes estivales tout en réduisant les pertes de chaleur pendant la saison froide.